Plans d'Actions en faveur des espèces menacées

Aigle de Bonelli

Le Plan National d'Actions

L’Aigle de Bonelli est une espèce bénéficiant d’un plan national d’actions depuis 1999. Deux premiers plans nationaux ont été conduits de 1999 à 2004 puis de 2005 à 2009.

L’évaluation externe menée à l’issue du second plan montre que les objectifs ont été globalement remplis, mais conclut néanmoins à la nécessité de poursuivre les efforts et actions sur une période plus longue.
L’effondrement des effectifs constaté durant le siècle dernier semble aujourd’hui enrayé mais la population française (avec ses 31 couples en 2011), n’est toujours pas viable et se maintient en grande partie grâce à l’immigration naturelle d’individus en provenance de l’Espagne voisine.

Un nouveau plan a débuté en 2014 pour une période de 10 ans (2014-2023).

Il se décline en 7 objectifs différents :

  • Réduire et prévenir les facteurs de mortalité d’origine anthropique ;
  • Préserver, restaurer et améliorer l’habitat ;
  • Organiser la surveillance et diminuer les sources de dérangements ;
  • Améliorer les connaissances pour mieux gérer et mieux préserver l’Aigle de Bonelli ;
  • Favoriser la prise en compte du Plan dans les politiques publiques ;
  • Faire connaître l’espèce et le patrimoine local remarquable ;
  • Coordonner les actions et favoriser la coopération internationale.

 

27 actions sont décrites pour atteindre ces objectifs.

Animation et déclinaison régionale

À la suite de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé en 2021 par la DREAL ARA, la LPO a été désignée animatrice régionale du plan d’action en faveur de l’Aigle de Bonelli pour la période 2021-2025.

Dans le cadre de cette mission, la LPO mobilise les principaux partenaires et acteurs concernés.
Le Syndicat Mixte de Gestion des Gorges de l’Ardèche (SGGA) gestionnaire de la RNN Gorges de l’Ardèche a permis de renforcer le suivi de l’espèce et de développer le programme de « Gestion concertée » avec les associations de chasse.
Les partenariats se sont renforcés ces dix dernières années avec le CD 07 (ENS) et les collectivités en charge de l’animation des sites Natura 2000 (CC Pays des Vans et EPTB 07) concernant d’anciens sites de l’espèce.

Les 3 sites occupés en Ardèche sont suivis depuis de nombreuses années par des bénévoles et salariés (LPO et SGGA) afin de déterminer le nombre de couples présents, l’avancée de la saison de reproduction et le changement d’individus.
La présence d’observateurs permet aussi de relever certains dérangements, ou en cas de changement d’aire, d’alerter sur de potentielles nuisances à neutraliser.

Évolution de la reproduction des couples de l’Ardèche sur 42 ans (1980-2021)
Source : PNA en faveur de l’Aigle de Bonelli – Bilan 2021 des actions menées en ARA – LPO Mars 2022

Entre 1980 et 2021 (42 ans), la reproduction des 3 couples (graphique ci-dessus) a montré des variations annuelles très importantes. On note aussi des variations « périodiques » au sein d’un même couple. Ainsi, sur le site 16 aucun jeune n’a été produit entre 1990 et 2000.

Ces échecs ont plusieurs causes : nombre important de changements de partenaires sur le site 16, mort du cadet d’une nichée, mort d’un jeune après éclosion et absence de ponte en 2017 pour le couple du site 15 suite peut-être à des travaux perturbateurs cumulés au recrutement d’une nouvelle femelle fin 2016.

En 2021, un seul des 2 couples des gorges de l’Ardèche s’est reproduit avec 1 jeune sur le site 15.
Sur le site 16, la couvaison s’est interrompue 10 jours après la ponte, suite à la spoliation par une jeune femelle née en 2018 en Catalogne espagnole. Depuis sa première observation, cette femelle est vue avec le mâle du couple alors que l’ancienne femelle n’est plus observée.

En 2022, 3 couples sont identifiés dans les gorges de l’Ardèche mais seuls les couples des sites 15 et 16 ont réussi a élever chacun un jeune jusqu’à l’envol. Les deux aiglons ont pu être bagués en mai 2022.

L'Aigle de Bonelli

Aigle de Bonelli
Aigle de Bonelli © Vincent Palomarès

L’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) est un rapace diurne de taille moyenne, avec une envergure de 150 à 180 cm, pour une longueur de 60 à 70 cm et un poids de 1,5 à 2,5 kg.
Les jeunes ont un plumage ventral qui varie du roux clair à l’orangé. Au fil des mues, ils atteindront leur livrée adulte à l’âge de 5 ans, caractérisée par un fort contraste entre le ventre blanc orné de flammèches brunes et les ailes sombres, une tâche dorsale blanche sur le plumage brun ainsi qu’une bande subterminale à la queue.

En vol, l’espèce s’identifie notamment par sa longue queue et par la forme arrondie de ses ailes, qui présentent un rétrécissement caractéristique à leur base.

Son bec crochu gris-bleu, sa vision perçante, ainsi que ses puissantes serres jaunes font de l’Aigle de Bonelli un redoutable chasseur, lui permettent de capturer une grande diversité de proies aussi en plein vol qu’au sol. Cela va du Merle noir au Héron cendré et même d’autres rapaces tels que la Bondrée apivore et la Chouette hulotte. Il capture également des mammifères (Rat surmulot, Lapin de garenne, Fouine) et des lézards verts et ocellés.

Répartition, lieux de vie

L’Aigle de Bonelli a une reproduction lente avec 1 à 2 jeunes par an, et seulement 10 à 20% des jeunes qui atteignent l’âge adulte (3-4 ans). Cette faible reproduction est naturellement compensée par une grande longévité une fois adulte (20-30 ans).

Caractéristique des milieux méditerranéens, l’Aigle de Bonelli affectionne les paysages en mosaïque, car cette espèce rupicole niche dans les gorges et les escarpements rocheux, mais chasse en milieu ouvert, sur les plateaux, les collines de garrigue ouverte. Les jeunes erratiques chassent souvent dans les vallées et les plaines cultivées. Il niche généralement en dessous de 500 mètres d’altitude (parfois jusqu’à 700 mètres).

En Europe, Il est réparti sur le pourtour méditerranéen (France, Espagne, Portugal, Italie, Maroc…) où sont estimés de 1000 à 1200 couples, dont environ 750 en Espagne.
Jamais réintroduit, il est présent dans le sud-est de la France depuis plus de 200 000 ans, depuis les Pyrénées Orientales jusqu’au Var en passant par le sud de l’Ardèche. L’Ardèche méridionale constitue la limite septentrionale de sa répartition en Europe. Des aigles sont observés chaque année dans le sud de la Drôme mais aucun couple n’est cantonné.

La population nationale est descendue à 22 couples en 2002, avant de progresser les années suivantes et atteindre 42 couples depuis 2021.

En Ardèche, la population était estimée à 6 à 9 couples avant 1960. Au début des années 1970, la LPO comptait 2 couples dans les Gorges de l’Ardèche et 2 sur des affluents de l’Ardèche.
De la fin des années 1970 à 2018, il ne subsistait plus que 2 couples établis dans la Réserve Naturelle Nationale des Gorges de l’Ardèche.
Il aura fallu attendre 2019 pour voir s’installer un 3ème couple sur un ancien site occupé durant les années 1970, sur un affluent de l’Ardèche.
La région Auvergne Rhône-Alpes compte à présent 3 sites occupés (3 couples) et 5 sites vacants tous en Ardèche.

Menaces et statuts

Suite au programme de baguage initié en 1990 il apparaît que l’électrocution, qui est la cause de mortalité la plus fréquente des jeunes, a contribué au déclin de la population française.
Les populations de proies préférentielles (lapins, perdrix) ont localement fortement diminué ces dernières décennies du fait de maladies et de la modification des habitats. Même s’il semble que l’Aigle de Bonelli ait un régime alimentaire varié, il est important de consolider sa ressource alimentaire en favorisant la restauration des populations de ces espèces qui sont également des gibiers de chasse.

L’espèce bénéficie de différents statuts dont :

  • une protection au niveau national par arrêté du 29 octobre 2009 ;
  • une inscription à l’annexe I de la directive « Oiseaux » n°79/409/CEE (complétée par la directive 2009/147/CE du 30 novembre 2009) du conseil de l’Europe du 2 avril 1979, concernant la conservation des oiseaux sauvages ;
  • une classification « En danger » sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de France métropolitaine de l’UICN en 2016.